La très isolée et accidentée piste Routeburn située sur l’île du Sud en Nouvelle-Zélande, est l’une des promenades les plus célèbres et les plus populaires au monde. Avant de s’y aventurer, les randonneurs doivent réserver leur entrée afin de respecter les quotas définis par le gouvernement. James Johnston avait réalisé toutes les démarches nécessaires au moment où il s’est engagé sur la piste, mais à son retour le monde avait changé. The Guardian a retracé le parcours du jeune homme.
Quand le randonneur britannique James Johnston est parti à travers les montagnes néo-zélandaises le 22 mars, seuls quelques cas de Covid-19 étaient recensés dans le pays. La seule mesure en place en Nouvelle-Zélande était alors la distanciation sociale. Le trek en solitaire semblait donc être la bonne solution pour réduire les contacts au maximum. Parfaitement rôdé à l’exercice, James s’est engagé sur la piste Routeburn et en hors-pistes pour un périple de 5 jours. Tout au long de son parcours, James n’a croisé personne.
« Il y a presque toujours beaucoup de monde là-bas, c’est l’une des promenades les plus populaires du pays. »
Le trek peu banal de James Johnston
Selon l’aventurier, ce trek était « spécial »… Beaucoup d’oiseaux et des moments difficiles. En redescendant dans la vallée sur la piste de Sugarloaf en direction du parking de Routeburn, alors qu’il recherchait désormais le confort et le repos, James a été confronté à une vision étrange. Le parking habituellement plein, était vide. Ses espoirs de faire du stop s’envolaient alors face à ce surprenant état des lieux.
« J’ai vu que l’endroit était désert, pas une seule voiture ou personne nulle part. C’est ce qui était bizarre. Le fait que cet endroit incroyablement populaire soit vide en cette période de l’année était un peu effrayant. »
Seul au monde
En 5 jours, James n’a croisé personne. Le réseau étant indisponible dans ces montagnes, il n’avait reçu aucune nouvelle de ses proches. Seul au monde, le jeune britannique a alors entrepris de parcourir à pied les 70 kilomètres qui le séparent de Queenstown. Après 25 kilomètres sous une forte averse, une curieuse apparition s’est dessinée le long de la route. Une voiture abritant trois hommes vêtus de tenues de sécurité et portant des masques faciaux, s’est arrêtée à ses côtés.
« Ils ont été surpris de me voir, et moi aussi […] J’ai demandé s’ils pouvaient me conduire, et ils ont répondu, ‘Absolument pas, nous n’avons le droit de prendre personne dans la voiture’. »
Retour à la réalité
Ce n’est qu’à ce moment là que James comprend qu’entre son départ et son retour le pays a été entièrement confiné, interdisant tout voyage intérieur. Les trois hommes de la protection civile étaient chargés de vérifier que personne n’était resté dans l’arrière-pays. Ils ont d’ailleurs finalement accepté de raccompagner James.
« J’étais sous le choc… Trois étrangers qui bavardent avec vous de la fin du monde, c’était écrasant. »
James Johnston est sous le choc
Dès que le réseau a été disponible, près de 200 messages d’alertes de ses proches ont déferlé sur le téléphone mobile de James.
« Nous avons commencé à foncer sur la route. Il n’y avait pas de voitures sauf celles de police. Il n’y avait personne nulle part. C’était très effrayant. Tout le voyage ressemblait à Black Mirror. Ils n’arrêtaient pas de dire : ‘Oh, as-tu entendu ce qui s’est passé en Chine ? […] Tu sais que tout ça se propage ?’. »
Couvert de boue et de sueurs, James Johnston a finalement pris un vol avec seulement 6 autres passagers. Il est désormais en confinement avec ses 4 co-locataires à Wellington.