Passionnée par la mer depuis l’âge de 4 ans et personnalité incontournable de la course à la voile en solitaire. Jeune femme engagée auprès des enfants malades avec l’organisation Cancer Trust… Désormais investie dans la préservation de l’environnement, Ellen MacArthur a marqué de son empreinte le monde du sport et de la mer… Mais aussi celui de la lutte pour une économie durable.
Pendant 29 ans, Ellen MacArthur n’a vécu que pour sa passion, l’océan. Elle fait sa rencontre avec le grand public à seulement 24 ans en 2001, lorsqu’elle termina le Vendée Globe en deuxième position. La jeune navigatrice britannique et francophile a instantanément conquis le public par sa spontanéité et sa fraicheur. L’année suivante, Ellen remportait la Route du Rhum. Plus tard en 2005, et à seulement 27 ans, elle fera tomber le record du monde à la voile en solitaire. 71 jours 14 heures et 18 minutes ! « L’un des plus beaux moments de ma vie » déclarera Ellen à son arrivée.
Palmarès et distinctions
À ce magnifique palmarès s’ajouteront plusieurs distinctions. Élue Marin de l’année par la fédération internationale de voile, à deux reprises en 2001 et 2005. Anoblie par la Reine Elizabeth II, elle reçoit le titre de la chevalerie après son plus grand exploit. Nicolas Sarkozy lui attribuera le titre de Chevalier de la Légion d’honneur en 2008. L’astéroïde 20043 sera quant-à-lui baptisé Ellenmacarthur.
Un virage soudain
Mais après avoir fait rêver le monde entier au travers de ses exploits et à seulement 33 ans, Ellen MacArthur interrompt sa carrière pour se consacrer à la défense de l’environnement. La course à la voile en solitaire a en effet conduit la navigatrice à une prise de conscience radicale. Une nuit, alors qu’elle était seule au coeur de l’océan austral dans une terrible tempête, Ellen fit l’analogie entre ses conditions de vie sur le bateau et celles de l’humanité sur la planète. Sur un bateau, les ressources sont limitées. Impossible de faire escale pour acheter un quelconque produit. Il en est de même pour l’économie du monde.
« Aucune expérience de ma vie n’aurait pu m’apporter une meilleure compréhension de la définition du mot ‘limité’… Notre économie mondiale n’est pas différente. Elle est entièrement dépendante de produits limités. Nous ne les possédons qu’une fois dans l’histoire de l’humanité. »
Les sources d’énergie et les matières premières sont limitées. Pour autant, depuis 150 ans l’humanité fonctionne selon une économie linéaire. Elle extrait les ressources, les transforme, les utilise et les jette. Un non-sens à l’échelle de la planète. L’ensemble des systèmes biologiques fonctionnent en effet selon un cycle. À la suite de cette véritable prise de conscience, Ellen MacArthur a finalement entrepris de parler avec des dirigeants, des experts, des scientifiques, et des économistes pour tenter de comprendre l’économie mondiale.
« En mer j’avais dû comprendre des systèmes complexes. Je devais intégrer de multiples informations, les traiter et comprendre le système pour gagner… Le rendre intelligible. Alors que j’étudiais l’économie mondiale, j’ai réalisé que c’était aussi un système, mais un système qui ne peut pas fonctionner sur le long terme. »
Son engagement pour la promotion d’une économie circulaire
Un système dans lequel la consommation des sources d’énergie et des matières premières limitées augmente de façon exponentielle est voué à l’échec. La stratégie consistant à consommer moins, circuler moins, faire moins, ne permet quant-à-elle que de gagner du temps. Pour Ellen, seule une véritable transition vers un modèle différent, circulaire et vertueux pourra permettre à l’humanité de retrouver l’équilibre. En 2010, elle crée alors la Fondation Ellen MacArthur, dont l’objectif est d’inciter le public et les entreprises à repenser, concevoir et construire un avenir durable en s’appuyant sur le concept d’économie circulaire.
« Les décisions que nous prenons aujourd’hui affectent les ressources de demain. Avec de nouvelles façons de penser, nous pouvons repenser le système. »
Interviewée par Ouest France, Ellen MacArthur présente les trois piliers sur lesquels repose ce modèle.
« Un, faire en sorte que tout ce qui est fabriqué ne génère ni déchets ni pollution, et ce dès la conception des produits. Deux, s’assurer que les matériaux utilisés soient choisis pour durer, en conservant aux produits la plus haute qualité possible, le plus longtemps possible. Trois, que les activités humaines n’épuisent pas les ressources, en laissant aux systèmes naturels la possibilité de se régénérer. Nous devons passer d’une économie linéaire, dans laquelle on produit, on consomme et on jette, à cette économie circulaire. »
La protection des océans
Sur les 78 millions de plastique produits, seulement 2% seraient recyclés. Et les océans payent un très lourd tribu. Au travers d’une vaste étude menée par la fondation Ellen MacArthur, il a été établi qu’en 2050, le poids du plastique et des poissons sera équivalent dans les océans. Oratrice au World Economic Forum, Ellen alertait déjà en 2016..
« Aujourd’hui, nous estimons qu’il y a environ 150 millions de tonnes de déchets plastiques dans les océans. Si la consommation de plastique se poursuit au même rythme, l’océan devrait contenir 1 tonne de plastique pour 3 tonnes de poisson en 2025 et en 2050, plus de plastique que de poisson, en terme de poids. »
Découvrez la conférence TED sous-titrée en français, au cours de laquelle Ellen MacArthur raconte les fondements de son engagement pour une économie circulaire.